Temple des légendes oubliées
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 A l'orée du siècle noir, ou le préambule à l'Eclipse

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Onyx
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Onyx


Messages : 33
Date d'inscription : 14/02/2016
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MessageSujet: A l'orée du siècle noir, ou le préambule à l'Eclipse   A l'orée du siècle noir, ou le préambule à l'Eclipse EmptyMar 5 Déc - 0:09

Préface :

L’Aled de 111 avant la concorde est encore fortement marquée par le maillage féodal imposé par le système colonial Natinien : les vassaux ont encore droit de justice et d’administration sur leurs terres, au nom et en représentation du roi, et nommaient également leur propre baillis. Sacrilège, car le bailli est représentant de l’autorité royale, qui était en ces temps d’alors sapée par ses propres vassaux, conséquence d’une administration coloniale qui applique au sens littéral la maxime “Diviser pour mieux régner”. Impossible dès lors de confisquer ce droit aux vassaux sans qu’ils brandissent la bannière de rébellion. Thomas des Augustes de Champeruy, chancelier en -423, quelques mois avant la fin des guerres de libération , fit les frais d’un tel essai : par édit royal, qu’il imposa en contournant le parlement (il était sûr que cette assemblée, pourtant rarement favorable aux privilèges de la noblesse, allait amender l’édit en défaveur de ses propositions), il révoquait ce droit de bailliage aux vassaux, qui devait être restitué à l’autorité royale en sa qualité de détentrice du pouvoir divin et de représentante du peuple Suyra. Ce fut un véritable désastre, qui mit en péril la fragile cohésion des nobles autour de Richard, tant et si bien que lorsque la décision fut porté à Armand d’Argencière, qui menait à ce moment là le siège d’Argenta depuis sept éprouvantes semaines, ce dernier décida de lever le camp et de reprendre la direction de la Haute Mancy, laissant l'opportunité aux Natiniens de déferler en Aled après tant d’efforts pour les en chasser. Jamais les Natiniens n’avaient bafoué ses privilèges ancestraux, alors pourquoi donner le trône à un homme qui lui confisque son héritage avant même d’être roi. C’est la providence qui sauva le royaume rebelle, car les coloniaux prirent la débandade pour une ruse et ne profitèrent en rien du boulevard qui s’offrait à eux. Richard, pris d’une rage intestine quand il apprit la décision unilatérale de son chancelier, envoya ses meilleurs cavaliers aller à la rencontre du Maréchal d’Argencière afin de lui apporter les garanties de conservation de ses privilèges. Il publia également un décret d’arrêt et exil à l’encontre de Champeruy, décret qui n’eut même pas le temps d’arriver à Aled que l’ancien chancelier se jeta du haut des remparts face à la fronde qu’avait suscité l’impopulaire édit. Aussi, bien que les cartes montrent un royaume relativement unifié, la réalité en était toute autre : aux vassaux jaloux de leurs privilèges s'ajoutaient les anciens ordres de chevalerie, notamment celui de Jade et celui de la Pitié, qui ne se joignirent même pas à la révolte. En 300 ans de colonisation, ils n’avaient eu de cesse de cumuler les privilèges, les présents et pots de vins, et avaient reçu un nombre de terres incalculable, sur lesquels ils édifièrent des places fortes rivalisant d'ingéniosité pour se rendre imprenables. Ces ordres se permettaient de constituer leur propre parlement, de nommer leurs maires de cités, d’appliquer une loi particulière, et allèrent même jusqu’au défi à partir de -114, avec l’assaut mené sur Richelieu. Pas de trop contre le pouvoir royal toutefois : Richard convoqua ses vassaux, et déclara face à une assemblée des nobles bouillante de bellicisme les ordres de chevalerie caducs et ennemis de l’État. En -110, ces ordres dissidents sont particulièrement affaiblis, circonvolus dans de petits territoires où sévissent des disettes particulièrement meurtrières, où ne circulent plus once de marchandises.

C’était un royaume particulièrement étendu pour son temps (environ 4 000 000km²), avec de solides frontières, difficilement franchissables, à l’est les imposantes Aylides, constamment vêtues de neige, aux routes -si ce n’était pas des chemins, voire même parfois des sentiers !- régulièrement tapissées d’un fin verglas, particulièrement glissant, parfois même mortel. Seule la passe d’Argenta, haut plateau de ces vertigineuses montagnes, permettait un passage chaque jour de l’année, à l’exception des journées les plus rudes de l’hiver, où la région se trouve isolée de toutes communications avec la capitale. Au sud, la trouée de Faillaise concentrait tous les efforts défensifs du Royaume, c’était une étroite plaine dans laquelle l’on comptait nombre de fortifications, de châteaux et d’avant postes de part et d’autre de la frontière entre Arçonval et Aled, frontière qui était marquée en suivant le cour de la Monesty. Deux ponts lourdement fortifiés permettaient de lier les deux royaumes à l’île de Faillaise, des nations pourtant alliées mais autrefois ennemies, quand Natina dominait encore la région. A l’Ouest, une immense forêt de pins, dans un environnement de gel permanent, ou bien peu de vies s’épanouissaient, si tenté qu’il y en eut un jour, constituait une barrière non pas infranchissable, mais non peuplée, rarement explorée, et qui ne revêtait donc pas d’intérêt stratégique, même pour un envahisseur audacieux. Enfin, la façade nord d’Aled était marquée par la présence ininterrompue de l’océan. Peu fortifié, le littoral du royaume était une véritable passoire défensive dans la stratégie militaire d’Aled, et lui en coûtera une lourde défaite lors de la conquête Natinienne. Les côtes Alédiennes sont marquées par un relief très plat, mais plutôt élevé par rapport au niveau de l’océan : de nombreuses falaises dépassent les 50 mètres de haut (et même 150 mètres pour la falaise Saint-Simon !), ce qui rendait la construction de port difficile, et limite leur taille. Seule Adélaïs, située dans la baie de Sarat, se démarquait par la taille de ses quais, immense pour son temps, et pour la quantité de marchandises achalandées hebdomadairement : en Avril -112, on compta pour plus de 50 millions de Trid’or de marchandises, un record pour le royaume.

Il est fort malaisé de recenser le nombre d’habitants qui peuplaient le royaume en ces temps-là, le travail de recensement étant bâclé par la majorité des administrateurs, et pire encore étaient les consignations du clergé, bourrées de fautes en tout genre, d’incohérences temporelles et d’estimations hasardeuses menées sur la base d’absolument rien et tout à la fois. La lecture du “Parchemin démographique d’Argencour” est particulièrement amusante pour les étudiants d’aujourd’hui, car la théorie qui fut avancée par l’évêque local est loufoque, absurde : plus la poitrine d’une femme est volumineuse, plus elle a eu d’enfants, voilà à quoi tenait le recensement de la cité, puisque les hommes étaient en guerre et donc absent. On se doutait déjà en son temps que la théorie permettait une pratique légale de la palpe sous couvert de bonne science, mais l’on sait aujourd’hui que ce théorème relève pleinement du n’importe quoi global que connaissait l’administration en ces temps-là. Fait amusant, l’évêque estima la population à environ dix milles âmes, ce qui concorde avec les livres de compte du bailli publiés la même année. L’estimation qui paraît la plus exacte à l’échelle du royaume est celle du Maître de Beaupuy, qui s’appuie sur les registres de fréquentation des offices de prière et la récurrence des chiffres inscrits, en les comparants avec les publications de comptage des baillis. Son étude avance donc une population d'environ 14 millions d’habitants, ce qui en faisait pour lors l’un des royaumes les moins peuplés d’Elyza. De Beaupuy complètera plus tard son étude d’une estimation par le cadastre, qui, même si elle était lacunaire et imprécise, fut d’une grande qualité et est encore reconnue pour sa méthode irréprochable et son respect du travail (Le corps de Maître Beaupuy, notaire de fonction, sera inhumé dans la chapelle de l’école des Édiques, à Aled).

Cette faiblesse démographique était accentuée par une forte inégalité de répartition entre chacune des provinces : le Nord et l’Ouest étaient très peu peuplés, en raison d’un climat rude, peu propice à l’agriculture -ce n’est pas pour rien que l’on n’a jamais su ce qu’il y avait à l’ouest du royaume-, une population regroupée en hameaux aux habitats fragiles, épars, même si l’on comptait quelques villes, qui toutefois ne rivalisaient en rien avec celles du sud ; Le Sud et l’Est étaient plus densément peuplés, grâce à la proximité des autres royaumes, et jouissaient d’un climat tempéré et de sols riches. Fleurissaient ainsi de grands bourgs, aux maisons de pierres et aux riches fermes. Certaines villes jouissaient de puissants remparts, de châteaux aux imposantes tours rondes et de cathédrale rivalisant toutes de hauteur, de lumière et de richesses. Aled restait toutefois le centre névralgique du royaume, et comptait pour près de 10% de sa population.

En -110, la structure familiale était déjà celle qu’elle est aujourd’hui, avec la fidélité et l’amour comme valeurs universelles. Peu de relations hors mariages nous sont rapportées, et si elles étaient avérées, elles étaient causées de punitions sévères, si ce n’est passibles de condamnation à mort. L’espérance de vie du commun des mortels, d’environ 40 ans, était semblable à celle du continent dans sa globalité, mais toujours largement inférieure à celle des Natiniens (60 ans environ). Aussi, la mortalité infantile restait encore très forte, expliquant le nombre élevé d’enfants par famille, souvent entre 6 et 8, mais aussi la faiblesse démographique du pays. L’hygiène correcte était contrebalancée par une médecine déplorable, dépourvue de bon sens -on appliquait encore des cataplasmes de plantes fermentées et pratiquait abondamment la saignée !- qui rendait les épidémies de pestes extrêmement mortelles. Seuls les ordres de la noblesse et du clergé avaient accès à une médecine correcte, grâce aux connaissances en la matière des mages, qui étaient toutefois peu nombreux, plus encore en Aled qu’ailleurs.

La population du royaume en -111 est relativement peu lettrée d’un point de vue global, cependant, pris individuellement, certains ordres se démarquent, notamment les nouveaux bourgeois et les jeunes familles nobles (où l’épée ne donna titre, car l’or l’acheta), qui cherchaient l’atteinte d’un idéal de perfection, de dépassement de la condition humaine. Au sein des familles de Mages, l’alphabétisation était plus ancienne, et ne prenait que rarement l’orientation des sciences humaines. En cette fin du IInd siècle avant la concorde, les progrès scientifiques étaient encore limités, les publications n’étaient pas standardisées, et les procédés d’impression mal maîtrisés freinaient la diffusion des connaissances à travers le royaume. Ainsi, seules Aled, Harcourt et Faillaise se distinguent par la dynamique de leur milieux scientifiques, occasionnant rivalité et parfois même conflits.

I - Les Finances

Les terribles guerres de libération qui ont marqué la fin du IInd siècle, avec pour point d’orgue la guerre des jeunes rois, ont profondément marqué et fragilisé l’économie Elyséenne, et Aled n’en pas épargné : aux milliers d’affamés qui écumaient le pays à la recherche d’un avenir meilleur, victimes des spoliations, razzias, et autres déprédations, s’ajoutaient les dizaines de milliers de vétérans, qui n’avaient ni terre, ni emploi, et parfois plus de familles. Une situation fragile, donc, mais paradoxale, car de nombreux villages et fermes étaient à l’abandon, leurs terres arables en friches, notamment dans les régions de l’Ouest. A l’Est, déjà marqué par de rudes conditions de vie, l’agriculture avait été réduite à une exploitation de survie, en net contraste avec les riches plaines du Sud, où la nourriture pourrissait, faute de chevaux et autres bêtes de trait, qui étaient pour majorité morts en guerre ou tués pour leur viande, pour l’acheminer vers les nécessiteux.
En -113 c’était ainsi produit l’un des pires désastres alimentaires de l’histoire Aledienne, avec l’envol du cours des céréales, où l’on vu le prix de la charge (une charge correspond environ à 5kg) se multiplier par sept en moins de trois mois, alors que le revenu moyen d’un Aledien était d’un quart de Trid’or par semaine. Conséquence, certaines régions subirent une famine sans précédent, qui laissa derrière elle près de 150 000 morts, et des milliers de réfugiés.

Mais, malgré un aperçu peu brillant de la situation, les points d’amélioration était tangibles, le commerce était à nouveaux possible, les droits de douanes avec les royaumes frontaliers avaient été temporairement levés pour faciliter les échanges, les trésors de pillage de l’administration coloniale était intelligemment réinvesti dans l’économie : construction de navires marchands, ouverture de manufactures royales, crédit d’impôts accordés aux commerçants, tout était fait pour favoriser le retour à meilleure fortune du Royaume. C’est sous l’égide du brillant Surintendant des finances, Henri-Antoine de Lescure, que se remplit le trésor royal, duquel il se servait, avec le concours du roi et de son conseil, pour investir dans les corporations du royaume et tirer quelques intérêts. On note notamment l’exemple de l’Office Royal des Miroiteries et Dorures d’Esteval, qui fut premièrement une manufacture royale, dont le succès, grâce aux nombreuses commandes des nobles Arsenais, fut retentissant, tant et si que la Royale d’Esteval rapporta en cinq années plus trois fois l’investissement consenti par le Trésor à son origine. Aussi, le surintendant octroya, pas systématiquement, des droits de monopoles commerciaux en échange de juteuses compensations financières, les “Abondances du Trésor”, qui comptait pour pas moins de 10% des recettes de l’Etat en -110, après seulement six ans d’existence. Des compagnies, comme la Ligue Commerciale Monestique, obtinrent ainsi un avantage concurrentiel critique, qui leur permit de connaître une croissance exponentielle. Par ailleurs, l'exceptionnel réseau routier laissé par les Natieniens facilitait grandement les communications entre villes et campagnes, et bien que les chevaux et attelages manquaient, on ralliait à cette époque assez facilement les grandes cités du pays, à l’exception faite d’Argenta, qui restait isolée par ses rudes conditions climatiques que lui imposaient les Aylides. Ce sont ces mêmes routes qui permirent aux blés et autres céréales d’Harcourt de se déverser dans le royaume, et à certaines des ressources, endémiques à Aled, de s’exporter à l’étranger, tel le miel des grandes apiculture du val Charmant, que disputaient nombre de familles du Royaume de Pinsagel, pour ne citer que lui. La naissance d’un commerce extérieur favorisa l'apparition d’un certain mercantilisme dans les milieux bourgeois, un effet attendu et prévu par de Lescure, qui souhaitait par dessus tout que l’intervention de l’Etats soit limitée dans le temps pour ne pas rendre le royaume trop dépendant de son action, et donc lié à son destin en cas de vacillement du régime, de la succession, ou même en cas de faillite du trésor

II - Les cités

Aled la rayonnante

Forte d’une population de près d’1,4 millions d’habitants, Aled faisait foi d’exception dans les villes du Royaume, et même du continent. Elle était véritablement immense, comptait un nombre important -qualifié parfois comme affligent- d’hôtel particuliers, d’églises et de d’abbayes, engoncés entre les étroites habitations du peuple, collés au voisin d’en face, car les rues étaient d’une dangereuse étroitesse. Ces rues d’ailleurs, qui n’étaient que rarement pavées, souvent emplies d’effluves lorsque loin des habitations de nobles ou autres bourgeois, n’étaient pas rectilignes et rendaient le passage des carrosses impossible, dangereux le cas échéant. Vite à l’étroit dans l’enceinte originale, on procéda à sa réfection et à son doublement, fait rare en ces temps-là. En effet, on optait en général la démolition de l’ancien rempart pour en réutiliser les pierres dans le nouvel édifice, mais en Aled, on préféra garder l’ancien rempart, vestige du passé de la cité, de sa gloire d’antan. La ville était donc lourdement fortifiée, malgré sa taille disproportionnée. D'immenses tours rondes furent élevées sur le parcours de la nouvelle enceinte, les portes étaient ceintes de puissantes “bastilles encanonées” (fortifications équipées de canons) aux portes de bronze, ignifuges et résistantes aux canonnades. En -111, la construction de ce nouveau rempart n’est pas encore totalement achevée, la section de l’ancien faubourg de Médina étant la dernière à être achevée en Avril -109.

Ce très relatif retard - le rempart devait être initialement achevé en -112 - était dû à la construction, ou plutôt la modification du château de la Dauphine, la résidence des rois. Vieil édifice vétuste à la fin des guerres de libération, le château ne peut guère recevoir d’habitants, tant sa structure menaçait de s’effondrer, notamment son donjon, le plus haut d’alors, au moins 80 mètres, qui avait commencé à dangereusement pencher vers l’ouest. Alors jeune roi, Richard prit la décision de confier à l’architecte de renom, François Huguet de Roncières, le remaniement de la forteresse royale, pour en faire le siège crédible et prestigieux du pouvoir royal, en transformant le lugubre bâtiment en un étincelant palais, plus imposant et plus magnifique encore que ceux commandés par les Grands du Royaume. Les rumeurs soufflent également que le roi aurait demandé à son architecte de conserver le plus possible des éléments d’antan, pour marquer la continuité avec l’ancien royaume, et non pas le mettre au ban de l’histoire. Toutefois, l’on dû tout de même abattre l’imposant donjon, qui n’était en rien réparable, mais on le fit de manière intelligente, pour permettre sa reconstruction méthodique dans le nouveau rempart, auprès de la porte qui pris le nom de “Porte du Saint Penché”, proche du château de la Dauphine. Cette reconstruction et le remaniement du palais explique le retard que pris le rempart quant à son échéance originelle, mais n’explique pas pourquoi aucune étude ne fut accomplie avant son édification, car l’enceinte ne fut même pas achevé qu’elle était déjà trop étroite : entre -120 et -110, la ville gagnait environ 70 000 habitants par an, si bien que sa population doubla sur cette période. L’entassement était alors considérable dans une ville étouffée et étouffante, où se côtoyaient parfois hôpitaux et maisons closes, abbayes et tavernes, académies et prisons. Ce vaste ensemble, imbroglio de quartiers aux rues tortueuses et étroites, rendait les déplacements excessivement longs, dangereux et chers.

En plein remaniement du palais de la dauphine, Huguet de Roncières, épaulé par le Chancelier d’alors, le vieil Emmanuel d’Aubusson, duc du Pays de la Mance, proposa un projet, dit le “ Plan de l’Aube”, qui visait à percer à travers les quartiers, les rues, les foires et autres bâtiments de vastes avenues, larges comme quatre carrosses, arborées, pavées et éclairées aux réverbères, à dédier de grands espaces à la création de jardins, de fontaines, de places pavées et décorées de statues. Ce plan proposait également la création d’un réseau d’égout par déviation d’eau du lac vers le fleuve, sous la ville, et qui permettrait à celle-ci de se débarrasser de cette odeur de putréfaction ambiante, de cette atmosphère lourde de miasme, conséquence des rejets de déchets de cuisine, de déjections et autres immondices à même les rues (le plan comportait également de nombreuses autres propositions, d’importance moindre). Richard l’approuva, ainsi que son conseil et le parlement d’Aled, mais l’expropriation de certains habitants, alors même que la ville peinait à loger les nouveaux arrivants, créa un sentiment de colère des habitants envers ce plan. Pourtant, en -110, on ne trouvait plus grand opposant à ces travaux : la ville centre n’avait jamais parue aussi belle, prestigieuse, avec ses avenues majestueuses, encadrées de cyprès, de bâtiments aux vitres cintrés et aux murs richement décorés, de jardins aux jeunes arbres et massifs floraux chargées de vie microscopique, ses grandes places pavées, où trônaient des statues, à l’honneur de Richard, d’illustres personnages du Royaume (tel que feu le Chancelier d’Aubusson, mort en -115), des fontaines à l’eau pure, fait rare dans une ville où cet élément est le plus souvent impropre à la consommation. Et l’odeur, cette odeur fraîche, mélange des parfums d’été, de l’humidité des pins de montagne, avait pris la place de l’odeur putride d’autrefois, sans le moindre quelconque regret de quiconque. Si la ville n’était certes pas encore une cité des dieux, une grande partie demeurant toujours dans le même état pitoyable qu’avant, son allure avait fortement évoluée, pour le meilleur.

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